La forge où mes romans prennent naissance
Voici le lutrin sur lequel je travaille. J'aime rédiger d'abord sur papier, couvrir une feuille vierge de lignes, raturer, compléter, reprendre. Comme un besoin de contact avec la matière.
Les Crocs de 'Amanlav (extrait)
"- Père, forcez-moi à épouser cet homme, si c'est là la seule voie que vous trouvez. Mais je veux que vous sachiez ceci : je le tuerai, de ma propre main, le soir-même de mes noces. Je planterai ma dague dans son coeur, lorsque, ivre et repus, las surtout d'avoir usé de moi, il s'endormira dans sa couche.
- Il n'est pas si facile, de tuer un homme, répondit le roi à mi-voix, les yeux baissés et comme plongé dans de lointains souvenirs. Et il se peut que l'on en supporte ensuite le remords, jusqu'à son propre trépas.
- Facile ou non, père, je le ferai, répondit la jeune femme avec fermeté. Le soir-même de mes noces, je me ferai veuve de cet ignoble personnage, quelque remords que je puisse éprouver ensuite. Et j'en assumerai l'entière culpabilité, devant les hommes et devant les dieux, de sorte que vous, père, n'aurez rien à vous reprocher, n'ayant agi en toute cette affaire qu'en accord avec votre conscience.
- Est-il seulement possible d'agir en accord avec sa conscience, quand on est roi ? se demanda Ma'alki à mi-voix."
Das Rheingold - Ouverture - Premières mesures
Sombre et profond comme un océan,
Minéral, chthonien, paraissant sourdre
Du ventre-même de la Terre,
Du sein du roc au fond de l'abîme,
Ténébreux rejeton d'un antique Nimbus
Qui déversa ses trombes et recouvrit la Terre,
Le Rhin roule ses lourdes eaux
Et comme un grand reptile,
Cèle en son sein d'ombre et de nuit
Un trésor brillant et sacré.